Ça s’est passé comme ça (conseil municipal du 17/09/2020)

Le texte ci-dessous m’a été envoyé par des citoyens qui ont assisté au conseil municipal du 17 septembre et m’ont demandé de le faire paraître tel quel. C’est donc le point de vue de spectateurs extérieurs.

Saint-Junien, jeudi 17 septembre, 20 heures, le conseil municipal s’achève dans le tumulte et la confusion. Le maire vient de clore brutalement la séance, après une tirade vibrante de colère et de menaces contre les six élus de la liste Énergie citoyenne pour Saint-Junien. Ceux-ci, privés de micro, tentent de répliquer, d’argumenter. En vain. Le ton monte, les petites phrases fusent … au bout de quelques minutes, le maire puis son premier adjoint quittent la salle du conseil.

 

Pourtant, de 18h 30 à 20h, la séance s’était déroulée paisiblement. A tour de rôle, les élus majoritaires avaient lu avec application les projets de délibération préparés d’avance. Un exercice rondement mené par le maire : des questions ? Yoan Balestrat et ses colistiers sont les seuls à en poser ou à faire des remarques. Des abstentions ? Pas d’abstention. Qui vote contre ? Personne. Énergie citoyenne a donc voté toutes les délibérations proposées par la majorité. 20 en une heure, de la subvention de 200€ à l’ANACR pour un nouveau drapeau, à la concession pour 10 ans de la gestion du camping municipal à la société Camping Car Park.

 

Mais voilà qu’en toute fin de séance Nathalie Tarnaud, au nom d’Énergie citoyenne, prend la parole au sujet du projet municipal de piste ou voie cyclable entre le rond-point de l’Europe et le Pavillon. Elle rappelle que Clémence Pique était intervenue en commission pour demander si des alternatives avaient été envisagées au projet présenté – un projet qui provoque l’abattage de 11 arbres – et réaffirme la position d’Énergie citoyenne, opposée à tout abattage. Eliane Crocci, présidente de la commission concernée, intervient alors pour tenter d’expliquer que la commission est un lieu de proposition et non de décision, et pour indiquer qu’un groupe de réflexion sera constitué pour retravailler la question.

 

Enfin, Pierre Allard prend la parole ; il revient sur l’idée qu’aucune décision n’a été prise et se lance dans une attaque en règle contre Énergie citoyenne, accusant ses représentants d’avoir publié sur les réseaux sociaux le plan présenté en commission, ce qui est interdit par la loi. Il se dit très mécontent d’une telle action, envisage la possibilité de cesser sa politique d’ouverture et menace de donner une suite judiciaire à cette affaire. Arbitrairement il clôt la séance et coupe les micros, sans tenir compte de la réaction des élus d’Énergie citoyenne qui souhaitent se défendre.

 

Disons tout de suite que l’accusation du maire est sans fondement : à aucun moment le document présenté en commission n’a été diffusé sur les réseaux sociaux, ni sur le site d’Énergie citoyenne. Erreur de Pierre Allard ou désir de déplacer le problème ? Dans tous les cas, le ton de son intervention et ses menaces sont le signe d’un agacement qui ne doit pas nous étonner. Deux raisons au moins peuvent l’expliquer :

  • Depuis la récente campagne électorale, Pierre Allard veut apparaître comme un élu soucieux des questions environnementales (de nouvelles échéances électorales approchent !). Aussi, les premiers projets annoncés dans la commission Travaux sont-ils la création d’un potager communal et la réalisation d’une piste ou voie cyclable. Le but est d’afficher rapidement des actions « vertes ». Conséquence, le projet de voie cyclable est monté dans l’improvisation, sans réflexion suffisante ni consultation. Et la réaction (article d’Énergie citoyenne dans le P’tit Bonjour, pétition en ligne) contrarie sérieusement la stratégie de « verdissement » de la municipalité, d’où la colère de Pierre Allard.
  • Ce qui a pu agacer aussi le maire, c’est que la réaction d’Énergie citoyenne vient contrecarrer des habitudes acquises durant des années d’exercice du pouvoir sans partage. On décide d’un projet, on le présente en commission, la délibération est rédigée puis présentée en conseil et votée dans la foulée. Pas d’échange, pas de consultation, pas de débat, pas de scénario alternatif. Difficile dès lors pour le maire d’accepter que les élus d’Énergie citoyenne viennent pointer du doigt les incohérences d’un projet, alerter la population et demander d’autres solutions.

 

Ce premier incident en conseil municipal n’est pas anodin. La réaction de Pierre Allard, son accusation sans fondement, nous rappellent certains procédés de la campagne des municipales. Il est à craindre que chaque fois que les élus d’Énergie citoyenne feront entendre une voix différente de celle de la majorité, ils seront soumis à ces pratiques peu respectueuses de la démocratie.